L'affaire Zahra Boudkour ou la loi du silence

Publié le par lanastaslim

 

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Marrakech, université Cadi Ayyad, mai 2008 . A la cantine le

jus de fruit du jour est périmé. Dans les jours qui ont suivi sa consommation, une vingtaine d'étudiants sont intoxiqués. Ils font vite le lien avec "ce goût bizarre du jus de l'avant-veille". C'en est trop pour eux. Les conditions sont rudes pour ces étudiants à court d'argent et  dont la bourse ne suffit plus à remplir les besoins essentiels. Si en plus on se paie leur tête en leur faisant consommer du poison à la cantine, que vont-ils devenir s'ils ne protestent pas?

Ils décident donc de manifester et sont rejoints dans leur initiaitive par une centaine qui protestent contre différentes conditions sévères au sein de l'université: redoublements massifs et abusifs, montants des bourses insiatisfaisants etc.

Manifester est un passage obligé dans la vie de tout étudiant. Seulement le pouvoir ne l'entend pas de cette oreille. Craignant une escalade, comme tout pouvoir répressif, il matraque. Et fort.Pourtant la manifestation était pacifique.

Zahra Boudkour qui a vingt ans, est violemment prise à partie avant d'être emmenée au commissariat de jamaa el

fna (eh oui, ce n'est pas seulement un haut lieu de tourisme!!) Zahra fut déshabillée et laissée nue devant ses ccamarades devenus co-détenus. Un collègue à elle, Abdelkebir El Bahi, fut jeté du troisième étage d'un immeuble par des policiers tentant de l'arrêter. Il est aujourd'hui paralysé à vie.

Zahra à bout de force après ces sévices a décidé d'entamer une grève de la faim. Le reste des étudiants l'a suivie, ils formaient une vingtaine. Leur jugement n'a été prononcé qu'en juillet 2008: un an de prison pour Zahra et deux ans voire plus pour le reste des étudiants. Sous quel motif? Atteinte à l'ordre public.

Zahra fut libérée en mai 2010 ainsi que le reste des manifestants.

L'affaire Boudkour fait échos à plusieurs tentatives de soulèvement populaires: révoltes à Sidi Ifni en Juin 2008 suite à une manifestation contre le chômage. Violemment réprimée, cette révolte aurait fait entre 1 et 5 morts.

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A-t-on entendu parler dans les médias occidentaux de ces différentes manifestations? Que nenni!  Ignacio Ramonet l'a dénoncé dans un article du monde diplomatique.  Bakchich en a aussi parlé mais ce ne fut pas relayé.  Le tourisme y perdrait trop et après tout, ce qui arrive au Maroc d'en bas, on s'en fout!

 

Voici un extrait de l'interview de la détenue courageuse,  par Hicham Bennani pour le journal Hebdomadaire de la semaine du 25 Juillet 2009

Que s’est-il passé au tribunal en ce «jeudi noir» ?
Rien de spécial. Nous sommes restés fidèles à nos déclaration habituelles devant le juge. Nous avons déclaré que toutes les accusations intentées à notre encontre étaient infondées.

De quoi étiez-vous accusés exactement ? 
De tentative d’homicide et d’avoir mis le feu dans la rue. Les gens qui nous ont collé ce procès sont bien connus. Le policier qui a été blessé pendant les manifestations n’a même pas été capable de désigner la personne qui l’a agressé. Le pire, c’est qu’au moment où il a été brutalisé, nous étions déjà au commissariat !

Qu’avez-vous déclaré pendant le procès ?
Juste avant l’énoncé du verdict, le juge nous a donné l’occasion de nous exprimer une dernière fois. Nous assumons nos actes jusqu’au bout, quel que soit le jugement.

Quels sont les problèmes que vous rencontrez actuellement dans la prison civile de Boulmharez ?
Il n’y a même pas un endroit où on peut se rendre pour consulter un médecin. Le médecin vient nous voir une seule fois par semaine. Même si quelqu’un est malade pendant la semaine, il doit attendre le vendredi. Et nous devons patienter jusqu’au lundi pour recevoir les médicaments. Peu importe qu’on attende, on peut mourir à petit feu…

Le médecin est donc inefficace…
Ce mois-ci, le médecin nous a rendu une seule visite. Chaque fois que je prends un traitement, cela ne me fait aucun effet. J’explique pourtant au médecin que je souffre de plusieurs maux.…Je ne sais même pas quelles sont vraiment mes maladies et le médecin est incapable de me le dire !

Lorsqu’il y a urgence médicale, que se passe-t-il ?
On peut toujours attendre…des heures et des heures…

De quels symptômes souffrez-vous ?
J’ai un mal de crâne récurrent, qui s’accentue lorsque je me lave la tête depuis qu’on m’a frappée avec une barre fer au commissariat de Jemaâ El Fna. J’ai également d’étranges douleurs au ventre et dans certaines parties de mon corps.…

Publié dans Justice

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