IER...Mais qu'en est-il aujourd'hui et surtout demain?

Publié le par lanastaslim

 

L'instance Equité et Réconciliation( IER) qui ne réconcilie rien. 

Créée sous le Haut patronnage de SM Mohammed VI en 2004, cette instance était supposée rouvrir un chapitre douloureux dans l'Histoire du Maroc. Elle a finalement eu un effet quasi-nul. Son seul effet à en croire de nombreux témoignages et reportages aura été d'ouvrir le chapitre, remuer le couteau dans la plaie des familles et des victimes des années de plomb, sans répondre à leurs questions encore moins à leurs attentes. 

Pas de jugement des "bourreaux" en perspective. Justement, il n'a jamais été question de cela. Pourtant lorsque certains pays ont eu à affronter leur passé, ils l'ont fait en passant également par la justice et en jugeant les responsables même s'ils ont obéi aux "ordres" ou "instructions".

 

Contexte:

 

Dans les années succédant à l'indépendance du Maroc, le régime du nouveau monarque Hassan II a eu du mal à se mettre en place et asseoir sa légitimité. Plusieurs coups d'état militaires ont échoué entre les années 70 et 73. Les responsables directs furent immédiatement executés comme l'histoire le dira plus tard, dans le palais royal. D'autres indirects ou pas responsables du tout, ont été enlevés sur leur lieu de travail, emprisonnés, torturés....Même les mineurs parmi eux. Des raffles ont été conduites pour capturer un maximum de gens parfois pour simple motif idéologique, parfois parce qu'ils avaient été dénoncés par des voisins malveillants ou des membres de leur famille tout aussi malveillants. 

 

Direction la belle Kalaat Mgouna, "capitale des roses"

 

Lors d'une interview en 87 avec Anne Sinclair, Hassan II répondra aux rapports de l'ONU établissant l'existence de centres de détention à Kalaat Mgouna et Tazmamart que ce sont des destinations touristiques, que Kalaat Mgouna particulièrement, est la capitale des roses. Aucun centre de détention selon lui...Et pourtant, les faits étaient là.

32 morts à Tazmamart des suites de leurs blessures causées par la torture à répétition. Ne nous leurrons toutefois pas. Les chiffres sont toujours tabassés comme les contestataires au Maroc. Il est sûr d'après plusieurs témoins rescapés des centres, qu'il y a eu plus de morts puisque les prisonniers étaient au moins de 3000.

 

Les victimes et leur famille ont reçu des indemnisations mais on ne sait à combien cela s'est monté. Les sessions publiques pour faire bonne figure sur la scène internationale et faire baisser une bonne fois pour toutes le doigt accusateur occidental et "droit de l'hommiste", ressemblaient plutôt à duvaudeville mal recyclé. Les victimes défilent et leurs émotions avec. Toutes sont obligées de se mettre à nu, ressasser leur vécu après avoir dû prouver qu'elles étaient passées par ce calvaire. Toutes ont dû répéter leur calvaire. A quelle fin? Une réconciliation? Avec quoi, qui? Le régime fini? Les tortionnaires qu'ils n'ont pas le droit de citer et avec lesquels ils ne peuvent être confrontés? L'administration impuissante? Eux-même? 

Equité. Face à quoi là encore? Non tout n'était qu'un leurre, une supercherie. Pour le monarque il s'agissait de dire "je suis différent, je suis ouvert, aimez-moi". 

Aujourd'hui? 

Rappelons-nous que le défunt souverain niait l'existence de Tazmamart et Kalaat Mgouna. Gardons en tête que de nombreuses injustices sont vécues actuellement (répression des manifestants, Zahra Boudkour, étudiante contestataire, croupit encore en prison, l'affaire facebook (cr.article à ce sujet) etc.)

L'opposition politique, indépendante reste inexistante même si elle figure au parlement. S'opposer au pouvoir monarchique est impossible et passible de prison: La personne du roi, émir des croyants reste intouchable. La presse la boucle faute d'être sévèrement ouspillée ou de voir ses journaux censurés. 

Oui, le passé se perpétue sous une nouvelle forme certes mais le plomb continue de peser et lourd. Sous le nouveau règne, des personnes ont été jugées par une cour spéciale aux jugements exceptionnellements iniques. Lors des affaires dites de scandales financiers tels la CNCA, le CIH et la CNSS, des vices de procédure graves ont été relevés mais jamais jugés. La cour a été dissoute mais de nombreuses peines et sentences sont demeurées intactes à ce jour. Des individus ont été injustement accusés de dilapidation et corruption sans pruve matérielle. L'absence de preuve était flagrant et repris par les médias pour finalement ne jamais soulever plus d'inquiétude que cela. 

Le monarque actuel a déclaré pour l'ouverture de l'Instance d'Equité et de Réconciliation, que le Maroc ne craignait pas son passé....A mon avis, il est tout aussi opprimé et au présent. 

Publié dans Justice

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